L’effet papillon…

Mrs F. revient de chez son gynéco de ville. Elle a patienté une bonne heure mais c’est pour la bonne cause se dit-elle. Aujourd’hui, voilà 3 mois qu’elle est enceinte. Elle va encore une fois pouvoir rencontrer ses petites bulles qui ont bien grandi maintenant. La rencontre est, comme toujours, magique. Entendre ces petits coeurs qui battent à l’intérieur de soi…. Existe t-il une mélodie qui soit plus belle que celle ci? Non, Mrs F. ne le pense pas. Elle manifeste encore pas mal d’angoisses car au début de sa grossesse, des pertes sépia étaient venues colorées son fond de string culotte. Et si tout s’arrêtait? Ca n’est plus d’actualité et pourtant, Mrs F. a peur pour ses petites bulles (elle a décidé de découvrir le sexe des bébés à la naissance, ça fera au moins ça de spontané dans cette grossesse). Tout va merveilleusement bien. La rencontre ne dure pas assez longtemps au goût de Mrs F. mais les savoir en bonne santé passe par dessus tout. Elle peut maintenant reprendre le cours de sa vie normale.

En sortant du cabinet, elle croise Mrs L. et son chéri. Mrs L. et Mrs F. étaient au collège ensemble. Elle est toujours aussi belle se dit Mrs F. Après quelques minutes à s’échanger un bon nombre de banalités, Mrs L. lui annonce qu’elle attend un heureux évènement!

Mrs F.: « mais c’est pour quand?? Félicitations, je suis très heureuse pour vous!!! »

Mrs L.: « merci, c’est pour le mois d’avril! »

Mrs F.: « incroyable, et bien moi aussi j’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. Et c’est pour avril aussi! J’ai toujours admiré les personnes nées sous le signe du Bélier figures toi alors je suis ravie!! Et puis…ce sont des jumeaux!!! »

Et voilà que les deux copines s’échangent leur numéro de téléphone… Elles vont pouvoir siroter une petite camomille accompagnée d’un cookie à la pistache dans un café en évoquant leur symptômes de grossesse, leurs angoisses, l’attitude du futur papa, les beaux-parents, les cosy, les écharpes de portage…

Bref… Ca, c’était dans une autre vie. Dans la vie où Mrs F. n’avait pas fait une fausse couche et où elle allait effectivement accoucher en avril.

Dans la vraie vie, ça donne ça:

Mrs F. se rend à son cabinet de radiologie. Il pleut comme vache qui pisse à cause de la désintégration du système dépressionnaire situé dans le nord-est de l’océan indien. Elle a une putain d’échographie à faire car sa dernière analyse montre du sang dans les urines (sans infection) et des signes évocateurs d’une insuffisance rénale (what else?). Le doc pense à des calculs. Manquerait plus que ça. Elle qui a toujours l’habitude d’arriver bien avant l’heure de ses rendez vous, elle se dit que pour une fois, elle partira à la dernière minute (elle avait oublié que les gens ne savent plus conduire quand il pleut).

En sortant de chez elle, elle a l’agréable surprise de voir qu’un tracteur bloque le passage. Ledit tracteur est en train d’enlever des grosses pierres dans le caniveau. Mrs F. patiente. Mince, ça y est, c’est l’heure du rendez vous. Enfin, le tracteur se dégage. C’était sans compter les embouteillages rue de Paris pour accéder au labo. Mrs F. essaie de rester zen. Elle arrive avec près de 30 minutes de retard. Elle se présente à l’accueil où on lui demande de patienter (!) Une demi heure plus tard, le médecin arrive. Elle manipule la vessie et les reins de Mrs F. comme s’il s’agissait d’un gros tas de chair (c’est à peu de choses près ça quand même) et conclut qu’il n’y a rien, tout va bien! Elle prend le kyste de 3 cm à l’ovaire droit pour des follicules: « oh, mais il y a du monde, c’est maintenant où jamais Mme Mrs F. ». Mrs F. a envie de lui foutre sa patte droite dans les côtes. Puis Mrs F. se rhabille et patiente encore 40 minutes dans la salle d’attente juste pour récupérer ses clichés qui disent que tout va bien mais tu as quand même du sang dans ton pipi. En attendant, elle se dit que c’est bizarre, elle n’a toujours pas de spotting alors que ses règles sont censées arriver dans 2 jours alors qu’habituellement, les dames spottig sont là 1 semaine avant l’heure… Elle ose penser: « et si j’étais enceinte? ». Elle ose omettre un instant qu’elle a une endométriose sévère et deux trompes bouchées mais peu importe, « si elle était enceinte? ».

Sa grosse enveloppe sous le bras, elle sort du labo. Elle croise alors Mrs L. et son chéri. Elles s’échangent des banalités puis Mrs L. lui dit: « j’attends un heureux évènement! »

Mrs F. sent une pointe dans le coeur: « oh? Félicitations! C’est pour quand? »

Mrs L.: « C’est pour avril! »

Mrs F. sent les larmes monter. Elle aussi, ça aurait été pour avril. Elle se ressaisit et tente tant bien que mal de dissimuler la crise de pleurs qui se prépare. Les deux copines s’échangent leur numéro mais Mrs F. sait pertinemment que jamais, ô grand jamais, elle ne voudra revoir Mrs L. pour le moment. Elle se dit alors que c’est peut être un signe cette rencontre. Et si elle était enceinte? Elle dépense une fortune à payer 2 fichus tests de grossesse dans une pharmacie du centre ville. Elle récupères sa voiture au parking et éclate en pleurs comme une abrutie. Elle se tape encore les bouchons pour rentrer chez elle. Arrivée à bon port, elle ouvre la porte et se retrouve nez à nez avec un énorme et dégoutant margouillat par terre (Mrs F. a la phobie des insectes, et ces trucs là, c’est censé être sur les murs, pas sur le sol). Elle a une petite attaque de panique puis elle finit par se maîtriser. Elle contourne la bête, qui semble morte, et se dirige vers les chiottes pour faire son test.

17h02: elle pisse sur la languette.

17h05: la seconde barre rose brille par son absence.

Mrs F. n’est pas enceinte. Elle se sent stupide d’avoir pu le penser même une fraction de seconde. Maintenant, il va falloir reprendre rendez vous avec son généraliste pour savoir d’où vient ce maudit sang dans les urines. Demain, elle revoit Dr Djeuns en vue de l’hystéroscopie. Elle espère aussi que ce kyste à l’ovaire n’inaugure rien de pas bon parce qu’elle en a un peu ras le cul des problèmes qui s’accumulent. Jusqu’à présent, elle avait ovulé normalement alors pourvu que ça dure.

Bienvenue en IRL (In Real Life).

Mrs F., une marâtre qui vous veut du bien…

Que Mr.D. ait déjà deux chérubins n’a  jamais autant posé de problème à Mrs F. qu’aujourd’hui…. Elle a relu rapidement le petit bouquin de Susann Heenen-Wollff: « La souffrance des marâtres » (lien en téléchargement gratuit). Et ça ne l’a pas franchement aidé… Damned!

Voici la phrase d’introduction de l’ouvrage: « Mais qui était-il cet enfant dont j’étais la troisième figure parentale? Un demi-fils? Non. Le mot juste, celui qui nommait le mieux notre lien, unique, singulier, patiemment inventé, construit, crée au fil du temps, le nom le plus fort, c’était tout simplement: mon quasi-fils. »(Et là, vous sortez les mouchoirs). Là dessus, Mrs F. lit bien « troisième figure parentale ». Encore faudrait-il qu’elle soit un parent, un mère en somme. (Vous allez me dire pas besoin d’être père ou mère pour être parent mais là n’est point la question. Bref, on se comprend quoi).

Quand on rencontre un homme qui a des enfants, on rencontre un homme qui n’est pas « libre » en quelque sorte. (Mrs F. travaille déjà là dessus avec son psy, elle vous rassure). Les premiers moments de la rencontre où règnent le forniquage intempestif la passion, la fusion, les paroles miévreuses et tout le foin foin sont vite écourtés par la réalité du quotidien:

– organiser les week end (ou tenter de le faire)

– organiser les vacances, anniversaires, fêtes de fin d’année (là dessus, l’homme perd systématiquement)

coller les photos des mères sur le jeu de fléchettes de Joli gars (prévoir des photos stickers amovibles au cas où quelqu’un vous surprendrait en flag’)

– tenter d’arrondir les angles quand l’une des mères EXIGE de récupérer son gosse à une heure précise (« Je suis sa mère. Point »)

– passer 2h sur les routes chaque dimanche toutes les deux semaines parce que les deux jolis enfants habitent à l’autre bout de l’île

etc…

etc…

Au début, Mrs F. essayait de réagir en adulte en tentant de faire passer le bien être des enfants par dessus tout (les pauvres, ils n’ont rien demandé). Grosse erreur. Grosse grosse erreur. Car quand Mrs F. a appris qu’avoir un enfant serait plus difficile que de se lancer dans une petite partie de jambes en l’air, elle a pris peur et a commencé à penser un peu à elle. Oui, bien sur, elle voudrait un enfant. Son comportement envers ses jolis enfants a commencé à changer au fur et à mesure que son parcours PMA avançait. Après sa fausse couche, le simple fait de les voir lui était insupportable. Elle se sentait comme une pièce rapportée. La pièce d’un puzzle qu’on aurait balancé en 1926.

Ce changement d’attitude a été dans un premier temps fort mal interprété par Mr D. qui avait l’impression que au final, elle n’acceptait pas « la situation ». Sauf que le fait de voir ses jolis enfants l’amenait irrémédiablement vers son infertilité. Elle avait simplement besoin de prendre un peu de recul.

Il est difficile de comprendre les ressentis d’une marâtre, celle qui est parfois reléguée au second plan (à fortiori dans la société de l’enfant roi) et qui doit organiser sa vie en fonction d’enfants qui ne sont pas les siens (bouuuh, mais tu l’as bien accepté cette situation, te plains pas!). Quand en plus cette marâtre doit passer par la PMA pour avoir des enfants, ça se complique davantage…

Pourtant, la marâtre aime ses jolis enfants. Sincèrement. Elle voudrait pouvoir les appeler quasi-fils et quasi-fille. Avant ça, elle aimerait avoir un fils ou une fille tout court.

En vrac #1

Depuis sa reprise du boulot il y a un mois (entourée d’enfants, il va sans dire, ce serait un comble que Mrs F. ne travaille pas auprès d’enfants) Mrs F. allait plutôt bien. Elle s’est jetée corps et âme dans son travail, menant de front chaque réunion, devinant les attentes des uns, faisant preuve de perspicacité (voyons un peu d’estime de soi ne fait pas de mal), d’enthousiasme, de ténacité etc etc. Grand bien lui fit.

Elle attendait avec impatience la semaine de vacances qui lui aurait (normalement) permis de recharger à fond ses batteries. C’était sans compter qu’il s’agissait AUSSI de la semaine où Mister D. et elle accueillaient les progénitures de l’Homme. Mrs F. ne croit ne vous avoir jamais parlé d’eux. En fait, Mrs F. les adore. Vraiment. C’est juste que dernièrement, elle aurait tout donné pour que finalement, dans un autre monde, une autre vie parallèle (où Mrs F. n’aurait pas à expier une faute, un pécher originel), ils n’existent pas. Arf. Voilà-c’est-dit-ça-fait-putain-du-bien-!

Bien sur, dans le fond, Mrs F. ne le pense pas. Ou un peu seulement. C’est juste qu’elle a l’impression que son récent mari et elle sont tellement inégaux face à ce bullshit de désir d’enfant. Elle ne cesse d’entendre dire: « tu le savais qu’il avait des enfants. Tu dois l’accepter ». Ah ouais? Parce que depuis 3 ans, elle ne donne pas l’impression de les accepter quand elle les garde la moitié du temps parce que papounet c’est un homme, il taffe beaucoup et ne peut pas toujours échapper à ses responsabilités? Elle donne pas l’impression de les accepter quand Jolie Fille de 6 ans va certainement intégrer le toit familial parce que la bonne chieuse qui l’as mise au monde se montre plus attentive à ses virées en boite qu’aux besoins de son enfant? Elle donne pas l’impression de les accepter quand elle se montre présente pour calmer leurs angoisses de dodo la nuit « bouh, le rideau me fait peur » ou encore de les faire participer à ses formidables talents culinaires « je peux tourner la purée Mrs F.???????? ».

Mrs F. se rend compte qu’elle peut être fucking naive parfois. Un jour, elle avait emmené Jolie fille à un gouter d’anniversaire. Joli Gars de 5 ans n’était pas là. Bien sur, tous les inconnus pensaient que Mrs F. était la mère de la petite. Au moment de partir, une grognasse de mère parle à son enfant: « va demander à la mère de Jolie Fille ». Mrs F. répond alors gentiment que non, elle n’est pas la mère de Jolie Fille. Devinez la réponse. Attention, ça envoie du lourd: « ah, c’est la fille de votre chéri? Donc en fait, vous vous occupez des enfants des autres? ». Oui, vous avez bien lu. Mrs F. a été sidérée et n’a su que répondre. Mrs F. mettrait sa main à couper que cette conne était en instance de divorce et rageait déjà par rapport à la future conquête de son ex futur. Ouais. Même dans ces cas là, Mrs F. trouve des circonstances atténuantes. Vraiment trop naive hein. Mrs F. était repartie vraiment blessée. C’est donc ainsi que les gens voient le rôle d’une marâtre belle-mère? Ca se limite à du babysitting? Mrs F. le sait, elle ne doit pas focaliser sur ce genre de choses mais en attendant encaisses tiens…

Donc pendant les « vacances », Mrs F. a du se taper les sorties mode gamin (parc de jeux, plages de marde entourée de familles en train de pique niquer, roller, trottinette nananana). Elle a du se taper les éternels « et vous, c’est pour quand? ». Du coup, elle a dit STOP. Elle s’est gardée des moments rien que pour elle et des moments avec ses copines sans mouchards (Dieu merci, elle en a plein).

Et puis Joli Gars de 5 ans l’a achevé avec cette question: « ma maman elle savait pas qu’elle avait un bébé dans son ventre quand elle s’est mariée (Chieuse 2 -et ouiiiii, les deux beaux enfants n’ont pas la même mère! Jakpot pour cette chère Mrs F.!!!!- s’est mariée à peine 1 an après la rencontre d’avec son mec et est tombée en cloque dans la foulée), ben maintenant elle contente d’avoir mon petit frère, mais toi alors, pourquoi ça prend du temps? » Gné?????? (retiens toi Mrs F., retiens toi Mrs F., retiens toi Mrs F.)

Résultats des comptes. Cette semaine de vacances a été un calvaire. La reprise a été très éprouvante. Il va falloir se remettre d’aplomb.

En attendant, Mrs F. a rendez vous samedi avec son ancien gynéco de ville car elle a des douleurs style Endo’s coming back et de vilaines pertes. Miam. Elle ne veut pas aller voir Dr Djeuns du centre car quand une fois, elle lui avait parlé de son appréhension d’un retour de l’endo et de la nécessité de faire un nouvel IRM, il avait répondu: « bah non, la priorité, c’est la grossesse ». Sans déc’? Gygy de ville, même s’il a des côtés bisounours est le seul à avoir pris Mrs F. au sérieux. Elle préfère donc aller le voir pour ce genre de « bobos » vu que Dr Djeuns ne pense que grossesse (ah, l’endométriose peut être néfaste à l’implantation d’un embryon? Vraiment?).

Elle a quand même pris rendez vous avec Dr Djeuns pour le jeudi 31 octobre. Rappelez vous. L’hystéroscopie.

Voilà. C’est tout. Pour le moment.